Capture d’eau du brouillard au Maroc :
une solution locale, durable
et à fort impact social

Au Maroc, des zones montagneuses comme celles de l’Anti-Atlas subissent un stress hydrique croissant. Dans ces régions, la capture d’eau du brouillard fog harvesting émerge comme une solution simple, peu gourmande en énergie, mais capable d’apporter une source d’eau potable locale et durable aux communautés isolées. Le projet phare de Dar Si Hmad, à Boutmezguida près de Sidi Ifni, est un exemple vivant : non seulement il fonctionne à l’échelle opérationnelle, mais il transforme aussi la vie quotidienne dans plusieurs villages.

L’idée est ingénieusement simple : des filets ou maillages, orientés perpendiculairement aux flux du brouillard, capturent les minuscules gouttelettes suspendues dans l’air. Ces gouttelettes s’accrochent aux mailles, se rassemblent, coulent vers des gouttières, puis sont acheminées vers des réservoirs pour être utilisées.

Parmi les technologies utilisées, on distingue :
- Filets plats standards (Standard Fog Collectors) moins chers, adaptés aux zones peu venteuses.
- Maillages 3D robustes, comme les filets CloudFisher, conçus pour résister à des vents forts (jusqu’à ~120 km/h).
- Innovation biomimétique dispositifs inspirés par la nature, certaines configurations imitent la structure des aiguilles ou des feuilles pour maximiser la captation.

D’après les données publiées par la Wasserstiftung sur le site de Mount Boutmezguida, les 31 collecteurs CloudFisher installés permettent de récolter en moyenne jusqu’à 22 litres par m² lors des journées de brouillard. Avec une surface totale d’environ ≈ 1 700 m² de filets, cela représente près de 37 000 litres d’eau collectés par jour lors des conditions optimales.

À 1 225 mètres d’altitude, sur les pentes du mont Boutmezguida, l’ONG Dar Si Hmad, en partenariat avec la Wasserstiftung et Aqualonis, a développé l’un des projets de capture de brouillard les plus emblématiques au Maroc.
Aujourd’hui, ce dispositif repose sur environ 1 700 m² de filets installés. Lors des journées de brouillard, chaque mètre carré peut produire en moyenne près de 22 litres d’eau, ce qui représente jusqu’à 37 000 litres récoltés en une seule journée.
Grâce à un réseau de plus de 8 km de canalisations, l’eau ainsi collectée est distribuée directement aux habitants de cinq villages voisins, permettant à plusieurs centaines de personnes d’avoir accès quotidiennement à une eau potable de qualité.

Des études récentes confirment que le système délivre en moyenne entre 1,6 à 6 litres par m² par jour sur l’année dans ce contexte, selon la disponibilité du brouillard, les saisons et les microclimats.
Ces chiffres prouvent que, même en dehors des journées de brouillard intense, la collecte reste significative pour couvrir des besoins quotidiens de base.

Pas d’énergie fossile requise : le système fonctionne naturellement, il n’a besoin que des filets, des gouttières, du stockage et éventuellement des panneaux solaires pour la distribution.
Technologie simple, maintenance locale : les communautés sont formées pour entretenir les filets, réparer, surveiller le système.
Impact social marqué : réduction du temps passé à chercher l’eau, en particulier pour les femmes et les enfants ; amélioration de la santé et de l’hygiène ; meilleure scolarisation.

Variabilité du brouillard : il n’y a pas de brouillard tous les jours. Quand il est rare, la collecte est faible.
Capacité de stockage insuffisante : les réservoirs actuels ne permettent pas toujours de conserver tout le volume collecté pendant les bons jours.
Acceptation sociale & qualité de l’eau : au départ, certaines communautés doutaient de la potabilité de l’eau de brouillard. Il est crucial de faire des tests réguliers de qualité

La capture d’eau du brouillard au Maroc n’est pas une panacée, mais c’est une technologie éprouvée, à faible coût énergétique, qui a déjà transformé la vie de communautés rurales. Bien conçue — avec une étude de site rigoureuse, le bon matériel et une implication locale, elle constitue une solution complémentaire précieuse pour renforcer la résilience hydrique dans les zones côtières et montagneuses sujettes à brouillard.

Sources:
Les affirmations clés de cet article s’appuient notamment sur les ressources suivantes :
Dar Si Hmad | projet de récolte du brouillard et études de cas www.darsihmad.org
CloudFisher / Water Foundation | description technique et projets https://www.wasserstiftung.de
Études scientifiques et revues sur les performances des collecteurs (Ifni, revues de synthèse) www.researchgate.net & www.academic.oup.com
Reportages et articles de presse récents (France24,lareleveetlapeste.fr,www.theguardian.com...)

Allah dit dans le Coran : “Et Nous avons fait de l’eau toute chose vivante.” | Sourate Al-Anbiya, v.30.
L’eau est un don précieux qu’il nous appartient de préserver. À travers des solutions ingénieuses comme la capture d’eau du brouillard, nous découvrons que la nature offre des réponses simples et durables à nos défis. Pensons à l’économiser, à l’utiliser avec sagesse et à soutenir toute initiative innovante qui garantit sa protection pour les générations futures.

~ Rédigé par : Abd.essamad AARAB